jeudi 16 octobre 2008

Entretien d'actualité n°3

Messages adressés à J.-A. Miller depuis hier soir

Entretien d’actualité

3

- Bernardino Horne, de Bahia, m’a signalé hier soir une erreur que j’ai commise à propos du colloque de l’École brésilienne qui s’est tenu dans cette ville en juillet dernier ; il en va de même de Leonardo Gorostiza, de Buenos-Aires, actuellement à Lima pour le Congrès de la NEL (Nueva Escuela Lacaniana) ; sur ce même sujet, Éric Laurent exprime ce matin une position nuancée.

- L’actuel directeur du CPCT-Chabrol, Fabien Grasser, m’a communiqué hier soir la retranscription de son introduction à la " réunion institutionnelle mensuelle " (RIM) de cet établissement en date du 17 septembre dernier, soit deux jours après la Conférence institutionnelle de l’ECF à laquelle je faisais allusion comme à mon " instant de voir ". Il m’indique : " Vous pourrez lire, en tout cas selon moi, l'orientation que nous tenons, que je tiens, à maintenir au CPCT, et qui ne va pas dans le sens de l'expansion sans limites ".

- Pierre-Gilles Guéguen, président du CPCT de Rennes, m’a fait parvenir le texte du règlement intérieur qu’il a élaboré avec Anne-Marie Lemercier, la directrice, et le bureau, afin " qu'il soit versé aux pièces du débat actuel ". Il me précise que ce texte a été longuement débattu, puis voté à l'unanimité par les " consultants A et B " il y a un mois environ. Il ajoute : " Deux choses me semblent importantes pour un CPCT: ne pas céder à la demande sociale, qui tend vers l'infini ; toujours fonctionner sur une "différence de potentiel" entre l'équipe A (confirmés, et si possible membres de l'Ecole) et l'équipe B (les meilleurs jeunes éléments de la Section Clinique) ".

- Gustavo Dessal, directeur de la Section clinique (NUCEP) de Madrid, m’adresse ce matin une lettre personnelle, qui me paraît pourtant devoir être diffusée eu égard à sa hauteur de vue sur les problèmes actuels ; en revanche, le caractère confidentiel d’autres missives à moi adressées ne fait pas de doute.

- Ce recueil a été achevé de composer à midi aujourd’hui.

- Philippe La Sagna : " il reste une cinquantaine de places sur 200 à la Jam-session du CPCT-Bordeaux, qui aura lieu ce samedi. Il est possible de s’inscrire avant ce jeudi soir minuit en m’adressant un mail. "

- J’ai reçu le mail suivant : " Au nom du CPCT d'Antibes, qui a ouvert ses portes en janvier 2007, je me permets de vous inviter à une réunion sur notre fonctionnement, notre pratique clinique et notre implication dans la cité. Cette réunion pourrait prendre la forme qui vous paraîtrait la plus adéquate, Conversation, RIME, ou autre. Nous ne pourrons nous déplacer à Bordeaux ce samedi, devant recevoir François Leguil pour une de nos sessions du "CPCT en formation". En espérant vivement cette occasion de vous rencontrer et de vous présenter notre travail en détail, je vous prie de croire, cher Monsieur, en mes sentiments respectueux. Franck Rolier ". J’ai accepté l’invitation.

Le colloque de bahia

La phrase suivante figurait dans mon entretien avec Jorge Forbes, diffusé hier : " il y a eu récemment un certain colloque à Bahia, dont ni Éric Laurent, ni Leonardo Gorostiza, ni Graciela Brodsky, ni moi, n’avons rien su, jusqu’à ce que nous apprenions qu’il s’agissait de reproduire dans tout le Brésil ce processus néfaste ". Bernardino Horne me fait part de sa surprise, me rappelant que, par un mail du 21 janvier dernier, ré-adressé à moi le 6 octobre, il m’avait informé de la tenue et des finalités de ce colloque, et invité à y participer. Je regrette les désagréments et le chagrin qu’a pu causer à mes collègues et amis de Bahia, notamment à Bernardino Horne, cet oubli symptomatique, sur lequel je reviendrai.

une précision de Leonardo Gorostiza

Actuel délégué de l’AMP pour l’Amérique latine, Leonardo Gorostiza m’indique que, ne pouvant se rendre à Bahia, où il était invité, il avait participé à l’événement par une vidéoconférence diffusée à l’ouverture du colloque. Il m’informe qu’il tient actuellement à Lima un Séminaire sur " Télévision ", et que, dans les réunions institutionnelles de la NEL, il transmet " la nouvelle perspective de la correction du mouvement concernant la psychanalyse appliquée. C’est fort bien accueilli par les collègues ".

Éric laurent : les niveaux de connaissance

Dans un mail adressé ce matin à Bernardino Horne avec copie à moi-même, Éric Laurent, actuel président de l’AMP, distingue deux niveaux de connaissance. Tout en admettant avoir eu connaissance à l’avance de la tenue du colloque, il souligne qu’il en ignorait le contenu. Il ajoute : " L’effort pour éclairer ce colloque en tant que symptôme actuel des Écoles va au-delà de ces deux premiers niveaux de connaissance. Ce n’est pas un problème de personnes. C’est à partir du mouvement actuel d’élucidation que nous pourrons penser la politique des Écoles concernant le rééquilibrage entre la psychanalyse et ses applications. "

intervention de Fabien Grasser Au cpct-chabrol (17 septembre)

" Je voulais vous dire quelques mots qui, à mon avis, sont incontournables après la Conférence institutionnelle de samedi.

Outre ce que nous entendions déjà, depuis un certain temps, à savoir que le CPCT avait une tendance à détourner de l’Ecole, un pas de plus a été franchi. A mon sens, il pourrait il y a avoir confusion entre la formation de l’analyste, que seule l’Ecole peut dispenser évidemment, et la formation à la pratique du CPCT. Bien sûr, pour ceux qui étaient là, ils se souviendront, le bateau qui a le vent en poupe, comme je le disais, n’a ni l’objectif, ni les moyens d’une telle perspective.

Nous le savons, tous ceux qui travaillent au CPCT, la seule formation qu’ils puissent y tenir, c’est celle de cette nouvelle forme d’application de la psychanalyse, en un temps bref, gratuit pour le bénéficiaire et bénévole pour l’intervenant. Comme ce fut l’objet au long des dernières RIM, et particulièrement des trois dernières, et de la réunion du 7 septembre, nous avançons dans l’élaboration de la pratique précise, circonscrite que l’on a au CPCT. L’expérience est donc inédite au CPCT, où tout un chacun reçoit des patients, ce qui contribue à une formation clinique nouvelle du côté de la psychanalyse appliquée. Aucun ne doit se mettre en place d’analyste, au sens du sujet supposé savoir qui introduirait ou cultiverait l’inconscient transférentiel. Il me semble que nous avons déjà beaucoup mis en évidence que les bornes qui paramètrent notre pratique, ici, ne le permettent pas.

Depuis le début, nous travaillons la question du transfert spécifique au lieu du CPCT, et plutôt au supposé savoir faire avec un point de souffrance, de jouissance, de réel. Le consultant du CPCT n’est pas analyste de l’Ecole dans cette pratique ; il ne s’y forme pas non plus comme analyste. C’est un paradoxe pour un " centre psychanalytique ", comme il se nomme ; il faudra y revenir. Et si certains d’entre nous ont pu devenir membres de l’Ecole pendant qu’ils étaient au CPCT, ce ne fut pas grâce à leur seule activité au sein du CPCT, loin de là. Quoi qu’il en soit, il y a certainement lieu d’élaborer et de préciser bien d’avantage l’articulation logique du CPCT à l’Ecole, mais avec l’Ecole et ses instances. Le CPCT n’a rien à détourner de l’Ecole, il est à son service, dans ses limites.

Un deuxième point. J’ai été un peu brutalisé ce jour-là, puisque la question qu’on posait, c’était : le CPCT est-il une machine infernale qui ne cesse pas de gonfler ? Avec un risque, comme toute machine infernale, on le sait, d’explosion.

Notre centre serait-il sans permutation des responsables les plus anciens ? Certains s’en plaindraient. Selon moi, certes pas : la permutation partielle en cours à ce jour, une modification des groupes cliniques, avec l’accès pour de nouveaux collègues aux fonctions de responsables, n’en sont-ils pas témoins ? D’ailleurs, je remarque une chose : c’est que ce qui est difficile dans cette permutation, c’est plutôt la séparation du CPCT.

Je rappelle que l’équipe de direction et des responsables d’Unité et des multiples tâches du CPCT, ont été mises en place pour deux ans, depuis un an maintenant. Ces deux ans ont, entre autres, pour fonction de stabiliser le fonctionnement du CPCT, et de formaliser un peu mieux cette permutation qui, théoriquement, sera bien réelle dès la fin 2008. Tout cela, samedi dernier, a été mis à plat, et va permettre d’en débattre.

Malgré tout cela, ça nous vaudra probablement un audit qui permettra de discuter, de débattre, d’élaborer les questions de la permutation, des groupes cliniques, et aussi de la dénomination des intervenants que nous sommes, analystes ou intervenants ou consultants, qui est un problème qui est toujours resté, qui se pose, mais qui n’est pas conclu, loin de là.

J’ajoute aussi que, si les Unités se multiplient, elles ne multiplient pas le nombre des intervenants, ni des bénéficiaires. En tout cas, je ne le souhaite pas. Les Unités sont là pour spécifier des symptômes cliniques contemporains, et on pratique avec eux, selon les subventions, qui, il faut bien le dire, restent à chercher, et surtout à trouver, ce qui n’est pas chose facile. Nous ne pouvons pas, en effet, envisager une croissance toujours exponentielle du nombre des bénéficiaires, face à un nombre fini, lui, d’intervenants, qui est prévu déjà moindre dès 2009, malgré la permutation.

Vous avez pu lire, dans le dernier DND que je vous ai adressé, que des réunions vont se faire. Toutes ces questions, bien sûr, y seront traitées. Et je propose en plus - et je verrai avec l’équipe de direction et les responsables - de voir si l’on ne pourrait pas organiser une journée ou une demi-journée institutionnelle, entre nous, pour traiter, au cours de ce trimestre, les questions que je vous ai déployées et qui maintenant sont imposées.

Voilà. J’en reste là. Pour terminer, je vous donnerai un détail plus technique, qui fait suite au dernier DND, à propos des nouveaux groupes cliniques, particulièrement pour l’Unité Générale. Ces nouveaux groupes cliniques sont constitués de collègues des Unités " Précarité " et " Dépression " qui n’avaient pas de groupe de contrôle dans l’Unité Générale, alors qu’ils y avaient une activité. Donc, je demande aux collègues concernés de nous adresser le choix préférentiel indicatif parmi les trois nouveaux responsables qu’on a désignés et qui sont dans le DND, et de bien vouloir envoyer à Esthela Solano, Victoria Horne et moi-même, leur choix, pour pouvoir les repartir au mieux.

Je vais maintenant passer la parole d’abord à Laure Naveau. Serge Cottet poursuivra, et ensuite nous entamerons un débat à partir de ces trois premiers exposés, puisque, à la séance prochaine il y a quatre autres exposés qui seront présentés pour la journée du CPCT du 15 novembre. "

CPCT DE RENNES : Le Règlement intérieur

Art 1: Les consultants A entrants sont tirés au sort en fonction des besoins du CPCT sur une liste composée des personnes ayant exercé des activités de responsabilité (annuelle) au sein du bureau de ville de Rennes (ou de la délégation de St Brieuc) ou dans les activités locales du Champ Freudien ( Maryse, Cien, Tya). Ces personnes doivent aussi être répertoriées comme membres de l'AP-VLB et du Cercle. Un membre de l'ECF nouvellement nommé est prioritaire, s'il le souhaite pour faire partie de l'équipe A. Dans ce cas le nombre des personnes tirées au sort est ajusté. Chaque consultant pressenti pour faire partie de la liste est contacté par le directeur, la directrice, qui, sans lui communiquer le reste de la liste lui demande s'il souhaite participer à l'expérience du CPCT. La liste est établie par le bureau en accord avec le (la) Délégué(e) Régional(e) de l'ACF.

Art. 2: Les consultants B entrants sont tirés au sort sur une liste de noms fournis par les enseignants de la Section Clinique de Rennes. Chaque enseignant donnera un ou deux noms maximum chaque année pour alimenter la liste en les communiquant en toute discrétion à la directrice (directeur) du CPCT (à l'occasion de la réunion des programmes de la Section Clinique). Les personnes en question devront attester d’une formation initiale équivalente au niveau master (bac + 5), avoir suivi trois ans de formation dans le cadre de la section clinique, être en analyse et en contrôle (vérification auprès du comité de direction de la Section Clinique doit être faite).

Le nombre des places offertes et la fréquence des tirages est décidée par le (la) Président(e) de l'ARPELS sur proposition du bureau et après consultation des membres.

La liste n'est pas appelée à être communiquée publiquement. Les personnes tirées au sort doivent en outre avoir un entretien avec un membre du bureau dont la décision d'intégration ou non sera souveraine et non susceptible d'appel. Au cas où un candidat serait refusé on procède à un nouveau tirage au sort. Les résultats de l'entretien sont communiqués après un délai de deux semaines.

Art. 3: Les consultants A et B sont admis pour une durée de deux ans, éventuellement renouvelables par décision du Bureau en accord avec le Président (la Présidente).

G. DESSAL : l’autre social est mortel pour la psychanalyse

" (Votre conversation avec Forbes) constitue un soulagement pour ceux qui, comme moi, considèrent que, ces deux dernières années, les effets thérapeutiques rapides (…), la fascination pour la société, l’inflation de la psychanalyse appliquée, menacent de nous égarer, et de nous engager sur une voie assez bizarre. Vos commentaires me réjouissent, ainsi que la possibilité qui se dessine de continuer à nous interroger une fois de plus sur ce que nous faisons, et l’ouverture d’un nouveau débat qui puisse nous remettre dans le fil de l’orientation lacanienne. Ce que je déplore, là aussi une fois de plus, c’est que de telles réflexions ne puissent être entendues par notre communauté que lorsque c’est vous qui les énoncez. Beaucoup de collègues, ici à Madrid, m’ont reproché d’avoir tenu des propos dont je peux dire, en toute modestie, qu’ils allaient dans le même sens que ceux que vous tenez aujourd’hui à Forbes. En quoi avons-nous déconné ? En bien des points, je le suppose, et surtout en nous laissant obséder par le souci de nous adapter au monde contemporain et d’obtenir la reconnaissance de l’Autre social. Gershom Sholem l’a démontré il y a déjà bien longtemps : c’est du jour où ils se proposèrent d’être reconnus par l’Autre que les Juifs coururent à leur perte en Europe. Il nous arrive la même chose… Quoiqu’il en soit, je me félicite que vous ayez vu le problème à temps. "