samedi 6 décembre 2008

Entretiens d'actualité n°28

Une contributions de Fabien Grasser : Vers un Nouveau CPCT

ENTRETIENS D’ACTUALITÉ

28

le vendredi 5 décembre 2008 (2)

diffusé sur ecf-messager & archivé sur forumpsy.org

ÉDITORIAL

Fabien Grasser, directeur du CPCT de la rue de Chabrol à Paris – le grand CPCT, le premier, à l’origine de l’enthousiasme pour la " psychanalyse appliquée " dans le Champ freudien – m’a fait parvenir un texte propositionnel dont il me dit que c’est " une ébauche ", destinée à être " mise au travail " dans la communauté des consultants de son établissement. Il m’a autorisé à le diffuser dès aujourd’hui, de telle sorte que le débat soit d’emblée élargi au Champ freudien. Je l’en remercie vivement. Une page se tourne : après les interrogations, les critiques, les témoignages, ce texte inaugure le temps des réformes. Je le mettrai en discussion dès demain à Juan-les-Pins, lors de la Conversation qui réunira les ACF de la région ; les électrobrochures des CPCT et Sections cliniques d’Antibes, de Marseille et de Nice, déjà diffusées aux participants, seront prochainement mises en ligne sur le site forumpsy.org – Jacques-Alain Miller

PS : le décryptage de la Conversation de Bordeaux (18 octobre) est sur le site forumpsy

FABIEN GRASSER : Vers un nouveau CPCT

Centre Psychothérapeutique de Consultations et traitements

Comme nous l’a rappelé Jacques-Alain Miller, la psychanalyse appliquée n’est qu’une forme de psychothérapie, donc de traitement à effets thérapeutiques, mais qui dans notre champ doit être orientée par l’enseignement de Lacan.

La psychothérapie est directement issue de la psychanalyse, de son application dans des institutions diverses depuis ses débuts, même si la dévalorisation de l’usage du signifiant psychothérapie dans le discours commun a ouvert à des pratiques qui n’ont plus aucune parenté avec la psychanalyse.

Il s’agit en somme de redonner dans notre champ sa valeur d’origine à ce signifiant, de l’articuler sur le modèle des perspectives de l’Acte de Fondation de Lacan qui oriente la politique de la psychanalyse dans notre École par sa " section de psychanalyse appliquée ". Lacan dit aussi de cette section qu’elle est " de thérapeutique et de clinique médicale ". Elle cible tout particulièrement l’étude clinique diagnostique, les choix thérapeutiques possibles dans le cadre de l’application de la psychanalyse à la thérapeutique, ce qui semble aujourd’hui particulièrement bien venu face à l’évolution des cliniques médicales, psychiatriques, qui, prétendant parfois à son assimilation, rejettent toujours plus la présence du discours analytique en leur sein.

Le contexte actuel, la nouvelle législation en cours sur la formation des psychothérapeutes sont aussi l‘opportunité de créer un lieu de stage pour la formation de psychothérapeutes, je propose que nous infléchissions progressivement le fonctionnement du CPCT vers cette nouvelle perspective en l’adaptant à la dimension plus modeste sur le plan clinique que cela comportera.

Conséquences sur la pratique clinique

Il ne peut y avoir d’analyste dans un tel lieu, le fut-il ailleurs, lorsqu’il l’est de l’École. Il y a des psychothérapeutes orientés par l’enseignement de Lacan, à l’origine membres de l’ECF, et des psychothérapeutes en formation tous au moins analysants.

Le CPCT reste un lieu particulier quant à l’adresse qu’il est devenu pour une catégorie de sujets qui ne s’adressent pas à un analyste la plupart du temps, affectés qu’ils sont le plus souvent de psychoses ordinaires.

Il est ouvert au tout venant des demandes, mais lorsqu’elles sont spontanées. Néanmoins, des conditions d’accueil qui semblent incontournables sont à renforcer pour maintenir l’orientation lacanienne d’une telle pratique psychothérapique. Elles requièrent une demande effective du sujet et non pas une indication de l’Autre institutionnel ou social, soit une demande qui, dans les limites de la parole, offre un point de singularité du sujet, une problématique du symptôme propre à lui, et ne soit pas fixée dans une catégorie de symptôme socialement répertoriée.

Il s’agit en effet de s’opposer à la catégorisation des symptômes, à la tentative d’universalisation réductrice par le discours du Maître, et de ramener à la singularité du symptôme, par le biais du transfert (non au lieu, mais au discours qui en est la référence, le discours analytique). Ceci implique de ne pas se laisser encombrer " d’indications ", encore moins " d’injonctions ", et de filtrer de nombreuses demandes artificielles qui viennent de l’Autre, et de maintenir aussi l’ouverture possible vers une analyse pour certains sujets qui peuvent en bénéficier.

Il ne peut donc pas y avoir d’unités spécialisées de " précarité ", de " femmes maltraitées ", de " dépression ". On doit pouvoir recevoir tous les ages, mais sans " mono symptômatisation ". Seul un CPCT Général peut fonctionner, même si l’accueil doit pouvoir se modifier quant à ses semblants selon les ages. Les intervenants de l’équipe A auront notamment pour tâche d’estimer la qualité des demandes et de les filtrer lors des entretiens d’accueil et des consultations. Signalons qu’il ne semble pas y avoir de candidats à ce jour pour mener une expérience d’externalisation des anciennes unités spécialisées.

Conséquences sur la " Formation clinique ", et permutation

Le CPCT sera un lieu de formation psychothérapeutique.

Pour l’équipe B, seuls des stagiaires choisis, une vingtaine par promotion (APA ?? ou SC, ou… après entretiens, jamais de manière systématique) peuvent bénéficier d’un temps de stage pratique de formation de psychothérapeute orienté dans le cadre d’une " validation de ce type de pratique psychothérapique ". Une commission composée de membres de l’équipe A aura pour charge leur admission. Il semblerait judicieux d’articuler cette formation de psychothérapeutes, non à l’ECF (psychanalyse pure) mais à un lieu qui puisse délivrer un diplôme de psychothérapeute (Université, UPOL ??), par convention ou par lien organique à cette Université*. La durée du stage sera fixée selon le temps validant agréé pour une telle formation, 2 ans par exemple (correspondant au nombre d’heures que préconise l’arrêté de Mr B. Accoyer sur la Formation des psychothérapeutes, prévu prochainement). Le stage de Formation sera payant pour chaque stagiaire étudiant.

Une équipe A (15 à 20 personnes) aura d’abord pour fonction d’encadrer les stages pratiques et d’enseigner la pratique de la psychothérapie d’orientation lacanienne. Elle sera choisie parmi des membres de l’ECF qui le demandent, ayant compétence pour un tel encadrement (pratiques institutionnelles…, enseignants de sections cliniques…).

L’équipe A pourra permuter tous les trois ans par tiers.

Une équipe de gestion administrative de 6 personnes sera choisie parmi les membres de l’équipe A à partir de leur deuxième année de présence au CPCT pour une durée de deux ans. Les activités de clinique et de gestion seront totalement séparées.

Sur le plan clinique

Les membres de l’équipe A assureront accueil et consultations initiales, estimeront la qualité des demandes et la possibilité de leur donner suite dans le centre, ou de les orienter dès ce premier temps. Ils adresseront les cas relevant d’un traitement psychothérapique aux membres de l’équipe B

qui ne pourront pas recevoir plus de 4 patients en même temps. (2h/semaine).

Chaque cas ainsi orienté vers un stagiaire de l’équipe B, la direction de son traitement, sa conclusion, seront suivis dans un groupe d’élaboration clinique bi mensuel ou mensuel sous la responsabilité d’un membre de l’équipe A.

Une réunion clinique mensuelle obligatoire sera l’occasion de questionner cette pratique de la psychothérapie et ses spécificités d’orientation pour chacun des membres de l’équipe B.

Un enseignement

Des séminaires (théorique, de recherche) seront organisés (3 au maximum dont 1 obligatoire pour les stagiaires), dont les thèmes seront choisis chaque année ou tous les deux ans par un comité scientifique composé de membres de l’équipe A et de l’Université en convention.

Le cursus de formation du stagiaire comportera des enseignements dans le cadre de l’Université qui seront à la charge de cette dernière.

Conséquences directes sur le fonctionnement actuel

- Statuts. De nouveaux statuts sont à envisager. Actuellement, le CPCT-Paris Chabrol est en étroite relation avec les instances de l’ECF. Il s’agit de réfléchir à des statuts articulés à la future Université de " psychothérapie " qui comprendront outre le conseil d’Administration pour la gestion proprement dite, un conseil scientifique en étroite relation pour les questions cliniques et de formation.

- Permutation. Une commission de quatre personnes doit être mise en place (Serge Cottet, Victoria Horne et moi-même en faisions partie jusque-là, Esthela Solano est à remplacer).

D’ici fin 2009. Fin du dernier stage APA (2007).

A ce jour : 88 intervenants décembre 2009

A = membres de l’ECF

26 liste A (consultants et responsables de groupe) 15

17 liste A’ 10

B = non membres de l’ECF, non membres de l’APA

10 5

Stage APA 2005

10 5

Stage APA 2007

25 5

Appel à nouveaux intervenants 10 ?

Total : 50

Finances. Tant que le CPCT nécessite un fonctionnement financier autonome :

Subventions seulement pour le fonctionnement général, pas pour des actions spécifiques selon des symptômes socialement catégorisés.

Les conventions ne doivent pas imposer de réception systématisée de patients sur indications d’administrations ou d’institutions.

Les tarifs des conventions de supervisions actuels sont insuffisants. En outre, elles ne doivent relever que de la mission concernée et ne pas impliquer de patients adressés par l’institution. Seuls les membres de l’équipe A peuvent y répondre à condition d’être intéressés. Dédommagements de préparation de déplacement et de temps à réestimer.

Interruption des dédommagements par facturations de prestations pour les consultations au CPCT.

Refonte des après-midi de formation en une véritable activité de formation permanente. Thèmes de clinique et thérapeutique générales, non spécifiques d’une pratique du CPCT. Articulation à UFORCA pour obtenir un agrément solide ??

Groupe de recherche sur la question de la gratuité pendant trois mois afin de proposer une modalité de paiement à mettre à l’épreuve jusqu’à fin 2009.

Réévaluation de la validité du tempo des seize séances ?

Projet de paiement d’inscription par les stagiaires en formation de psychothérapeute.

PUBLIÉ 74 RUE D’ASSAS À PARIS 6è PAR JAM